Emile ZOLA : Germinal
I) L’ouverture romanesque (incipit)
II)
Le paysage
III)
Le personnage
I) L’incipit
1) Une ouverture assez classique du roman (quelque chose de mimétique), le lecteur est mis dans la même position que le personnage principal. Le lecteur arrive dans l’univers du roman, comme Etienne Lantier arrive à Montsou.(découverte des lieux et des autres personnages.
Exemples d’ouvertures : - Une vie (Maupassant)
-
Mme Bovary
-
Le Rouge et le Noir
2) Le point de vue
Plusieurs points de
vue sont adoptés.
+Recherche
du point de vue : verbes de perception, puis analyse du sujet.
On remarque des
passages qui apparaissent en point de vue interne, mais à la première phrase
du roman, on est frappé par la position du narrateur : pas de nom pour le
pers. , mais distribution de renseignements : noms de ville.
Certains passages apparaissent en point de vue omniscient. (débuts des 1er
et 2e paragraphe.)
Le point de vue interne est habituellement utilisé par le narrateur
(distribuer des infos), indications spatio – temporelles.
+Le point de vue omniscient :
Apparaît dans les
indications spatio – temporelles (indications chiffrées : 10 km, 2h).
Egalement 1 phrase au centre du 2e paragraphe :“Une seule idée
occupait sa tête vide d’ouvrier sans travail et sans gîte”
Le narrateur en sait
plus que le pers.
+ Le point de vue externe :
Le narrateur en sait
moins que le personnage. Ce pt de vue est donné par le début de la 1ère
phrase.
Le narrateur connaît
le nom du personnage.
L’homme est décrit
dans le 2e paragraphe comme s’il était vu de très près, mais de
l’extérieur. Attention donnée aux vêtements.
Visage non décrit
-> glissement plus facile au point de vue interne.
+Point de vue interne
Narrateur =
personnage.
Au cours du 1er
paragraphe, au cours du 2e et tout le 3e.
Le lecteur passe
d’abord par une appréhension extérieure du pers., puis il est invité à
partager son opinion.
3) Composition de l’extrait (3 1ers §)
a)
La plaine de Montsou – paysage naturel
b)
L’homme – personnage
c)
Paysage de la mine par ce pers. – Paysage industriel vu par le pers.
Le premier paragraphe
nous met dans l’ambiance (description détaillée du paysage).
L’homme est dominé
par le paysage : derrière lui, une plaine immense, inhospitalière. Devant
lui, un paysage industriel confus. Il est comme écrasé entre les deux
paysages.
Malgré la minceur
des indications temporelles, on se rend compte que les lieux ont une importance
dominante
II) Le paysage
Le romancier réaliste, a fortiori naturaliste, désire donner la reproduction la plus fidèle possible de la réalité. Ainsi, il s’oppose à la perspective fantastique, mais aussi à la perspective que l’on trouve par exemple dans les romans romantiques, où l’accent sera mis sur les idées et les sentiments des personnages (nourriture, sexualité, maladie, argent)
N.-D. de Paris
(1831)
Peau de Chagrin (1831)
Le rouge et le Noir
(1830)
(ni question de
nourriture ni d’argent.)
Tout ce qui était
considéré comme pas très noble était passé sous silence dans le roman, sauf
chez les romanciers réalistes.
Marchiennes est une
ville qui existe (près de Lilles), alors que Montsou n’existe pas (univers du
romancier)
2.1)
La plaine du Nord
Le début de la
description est fait d’un point de vue externe, objectif. C’est un paysage
ingrat (insistance sur l’obscurité -> aucun charme)
Aucun détail
n’apparaît valorisant. Cette 1ère description se termine sur les
betteraves -> une morne plaine
Dès la 2e
phrase, le paysage est ressenti de manière subjective : la plaine devient
réellement hostile, car entrée en scène du vent.
Le vent est assimilé
à un fouet, ou quelqu’un qui manierait un fouet (“ les lanières du
vent”)
1ère
phrase : vision plate, distante
2e phrase :
vision plus hostile (vent), plus violente (“immense horizon plat”, “terres
nues”).Comparaison avec la mer.
- Analogie plaine / mer qui se poursuit dans la 3e phrase et
commence à la deuxième (analogie filée, comparaison)
- La comparaison “comme une mer” enclenche la métaphore qui va se
continuer.
La route en pavés
fait penser à une jetée, le vent glacé de la plaine est assimilé aux
embruns.
Le début du
paragraphe offre une description distante et réaliste, avec des indications (10
km, champ de betteraves), alors que dès la 2e phrase le romancier
transpose le paysage. Il se décolle de la réalité. Ce mouvement du réalisme
apporte une dimension épique, fantastique.
2.2) Le site minier :
Toute la description
de Montsou est menée d’un point de vue interne. On trouve ce même glissement
d’une description plate, peu caractérisée, qui signale la disposition des bâtiments.
1ère comparaison : “pareils à des lunes fumeuses”.
“silhouette”,
“profil” sont des mots employés le plus souvent pour des personnes.
Lieu qui se
transforme en la vision d’un monstre, la fosse devient un personnage qu’Etienne
va devoir affronter.
Caractère funèbre
de la description.
III)
Le personnage :
Ce qui frappe, c’est que le personnage est anonyme. Aucun portrait physique ou psychologique du personnage.
Détails matériels,
sensations, émotions. Le portrait est fait dans une perspective assez sobre.
3.1)
L’ouvrier :
Attention portée aux
vêtements : “petit paquet dans un mouchoir à carreaux”. Attention
portée aux tissus. Description style matérialiste.
Détails matériels
significatifs : “coton aminci”
Personnage vêtu
pauvrement, absence de fortune -> petit paquet dans un mouchoir.
Il erre en quête de
travail, état de vagabond, d’aventurier.
(Différence avec le
film de C. Béry : le personnage est vétu au début d’un manteau, et
tient une valise à la main.)
3.2) Un homme en détresse :
Tout au long du
paragraphe est soulignée l’hostilité du milieu extérieur :
“grelottait”, “des mains gourdes que…”, “besoin douloureux de se
chauffer les mains.”
Ouvrier : “tête
vide”, esprit envahi par l’obsession du froid, et la crainte.
Découverte de
Montsou : espoir d’avoir moins froid.
Tellement démuni
qu’il ne peut qu’avancer et chercher un point de chute.
Crainte, impression
funèbre.
Conclusion :
Une ouverture
romanesque assez classique, mais une présentation du personnage assez moderne
(il reste anonyme) ; il est largement vu de l’extérieur. On peut dire
qu’il y a deux personnages face à face : l’ouvrier et le paysage (la
mine, pers monstrueux).