Texte No 5 : Eugène Guillevic    “Ville” – 1969

 

 

1942 : “Terraqué”   (terra + aqua), terre et eau.

         -> Terrassé, traqué.

 

Années 60 : 3 recueils intéressants : Carnac, Sphère (inspiration de “Terraqué”), et Ville, d’inspiration nouvelle.

Ville est un long poème où il essaie d’apprivoiser ce milieu (Paris)

 

Années 70–80 : Dans cette dernière période, Guillevic gagne en sérénité.

 

Nécessité de se sentir mieux dans la ville où il est obligé de vivre (Paris).

C’est une “méditation poétique” sur Paris. Ville est en fait un long poème dans lequel il la définit, il en cerne les contours. Il essaie d’approcher physiquement la ville, mais aussi par les mots comme si elle était un texte.

 

I) Approche de la ville :

        

Implicitement, le poète se demande à quoi pourrait ressembler la ville si elle était une fleur.

“Lilas pas bien valide” -> pas en bonne santé (fleurs brûlées, ou racornies)

Peut être allusion à la pollution,

Lilas : par sa forme, représente un ensemble de fleurs agglomérées. L’ensemble a souvent une forme allongée -> immeuble.

Lilas : peut pousser sur des gravats ; couleur discrète, va bien avec la ville.

 

Page 32 : Réponse à une question implicite.

Rapprochement ville / élément de la nature.

 

Le malaise : pages 32-33

Ville -> rapprochée du lilas pas bien valide. Les sonorités se répètent de façon assez désagréables (assonances en [a], mais aussi en [i], ainsi qu’une alitération en [l].

 

Page 37 : Page différente, poème à part. 12 vers, rythme qui se met en place

    6-8-8-8.

V5 : Alexandrin 4/2//6

Puis 4-8-8-4-8-4-4.

Mètres pairs, qui ont un rythme régulier, souvent linéaire.

Idée dominante : couple. Association de la ville à des couples amoureux.

P37, le poète tutoie la ville (cf Apollinaire).

-         > prend une allure grandiose (V6-7-8), les couples quittent l’espace circonscrit de la ville pour s’échapper.

 

II) La ville comme corps :

 

La ville est associée tout au long du poème à un corps.

-> analogies, comparaisons / métaphores.

Champ sémantique de corps est déployé pour faire image.

-> contact de la matière de ses petits éléments.

Ville -> corps

         -> mécanique (cybernétique ? -> époque)

corps physique -> corps biologique (p36)

(électrons)                       humain

 

Ville = corps humain

Habitant = “globule rouge”

Artère -> rue, circulation = “artère” -> vaisseau

                                     = tissus.

 

La métaphore est filée, ou continuée.

Puis corps désirable -> couples unis (p37)

 

III) La ville comme un texte :

 - La ville comme un texte qu’il faudrait déchiffrer pour en être familier.

P34, le poète essaie de comprendre la ville en “répétant” “des mots” techniques pour saisir la modernité de la ville. Le poète est ici lecteur du texte de la ville.

P35, le poète va plus loin : c’est à lui que revient de fixer “les noms” que “les choses de la ville” “tremble de perdre”. Ici, le poète est celui qui écrit, retient les mots, organise le sens. Le poète sauve ainsi la ville de la déshumanisation an la chantant avec chaleur ou en polissant le travail de l’écriture poétique : c’est ainsi que l’on peut interpréter “en caressant les noms”.

 - Le mot “tissu” (p36 et 37) unit ces deux métaphores du corps et du texte. En effet :

a) 2 sens du mot apparaissent ici -> champ sémantique de tissu.

b) Étymologie de tissu : p. passé -> nom du latin TEXERE, tisser, qui a donné en français TISSU et TEXTE. On parle du fil du texte ou de l’intrigue, de la trame d’une histoire…

 

Conclusion : Ville : corps, tissu sanguin, tissu du temps et certainement mots tissés en texte pour approcher du mieux la ville, qui devient vivante et chaleureuse.

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